Décrocher les étoiles.

Décrocher les étoiles qui illuminent la nuit comme celles qui scintillent sur les maillots des plus grands athlètes et font briller les yeux des plus jeunes.

S’élever pour décrocher son étoile. A chacune ses rêves, ses récompenses et ses médailles d’or. Les sportives que j’ai rencontrées à Villepinte ont parfois flirté avec ces sommets. Certaines ont conquis l’immense graal des championnes quand d’autres s’en approchent un peu plus à chaque entrainement. On sait les efforts, l’abnégation, la répétition des gestes, des courses, des appuis, des frappes, des lancers, des assouplissements, …

Récupérer avant de recommencer. Plus vite, plus fort, plus haut.

Il m’est déjà arrivé d’accompagner les forçats de la sueur et de l’effort. C’était à Johannesbourg, à Bourganeuf  ou à Naplouse. J’ai suivi des compétitions, partagé des vestiaires comme des tribunes, des entrainements dans la brume de l’hiver et les buvettes à l’entrée du stade. J’ai réalisé des portraits de pros et d’amateurs, capturé des fragments de vie, des instants insolites, des interstices d’architecture, des paysages réels et des victoires rêvées. A Villepinte, j’ai débarqué dans un ailleurs tout proche. J’ai arpenté les rues, les parcs, les abords du stade Georges Pollet et emprunté la passerelle sur l’autoroute. J’ai rencontré les athlètes et les entraîneur.e.s.

Imperceptiblement la ville s’est dévoilée. Une cartographie naturelle s’est peu à peu édifiée mêlant des lieux publics animés aux terrains vaguement laissés en friche ; Le Parc de la Noue, La Roseraie, Pasteur, les Mousseaux, le Mas Saint-Louis, le château d’eau, la maison d’arrêt …

Villepinte s’est révélée et s’est offerte à la petite mise en scène qui me trottait dans la tête. La ville allait inviter, accueillir et amplifier la beauté du geste. J’espérais construire des dialogues inattendus, faire surgir des images plus oniriques que surréalistes ; salto, uchi mata, reprise de volée, position de tir, départ plongé, salto avant tendu, garde sur fond de ville animée…

Gymnastes, judoka, footballeuses, boxeuse, sprinteuse, nageuse, vo sinh, handballeuse, twirleuses, toutes ont accepté de vivre la scène, d’enfiler maillot et bonnet de bain, shorts ou crampons, kimonos ou survêt. Les prises de vues sont devenues des prises de vie pour toutes celles et tous ceux qui ont assisté, le plus souvent incrédules parfois amusés, à nos séances photographiques.

Dans le même temps est née l’envie d’expérimenter la fabrication d’une image d’avant la photographie, une image archaïque et primitive. Le sténopé allait nous offrir la possibilité d’une plongée dans l’histoire aussi brute que magique de la photographie. Le dispositif est ultra simple. Il permet de transformer une boîte en carton quelconque (une boîte à chaussures par exemple) en un appareil photographique, une chambre noire, par le percement d’un trou de très faible diamètre et l’ajout d’une feuille de papier photographique prête à être « impressionnée».

Le tour est joué.

Enfin presque car après bien sûr il faut mesurer le temps, apprécier la lumière, évaluer la distance… Après, il faut photographier. Les images fugaces et sauvages nées de cette aventure s’imposent à nous, énigmatiques parfois, uniques toujours.

Au fil des jours, Villepinte est devenue notre terrain de jeu laissant fébrilement apparaître dans nos yeux les étoiles convoitées.



Amélie Debray



Take down the stars.

Take down the stars that light up the night like those that sparkle on the jerseys of the greatest athletes and make the eyes of the youngest shine.

Rise to earn your star. To each their own dreams, awards and gold medals. The sportswomen I met at Villepinte have sometimes flirted with these summits. Some have conquered the immense grail of champions while others come a little closer with each training. We know the efforts, the self-sacrifice, the repetition of gestures, races, presses, strikes, throws, relaxations, ...

Recover before starting over. Faster, stronger, higher.

It has happened to me to accompany convicts with sweat and effort. It was in Johannesburg, Bourganeuf or Nablus. I followed the competitions, shared changing rooms and stands, training in the winter mist and the refreshments at the entrance to the stadium. I have made portraits of pros and amateurs, captured fragments of life, unusual moments, architectural interstices, real landscapes and dream victories. In Villepinte, I landed in a nearby elsewhere. I walked the streets, the parks, the area around the Georges Pollet stadium and took the footbridge over the motorway. I met the athletes and the coaches.

Imperceptibly the city has revealed itself. Little by little, a natural cartography was built, mixing lively public places with loosely left fallow land; The Parc de la Noue, La Roseraie, Pasteur, Les Mousseaux, Mas Saint-Louis, the water tower, the remand center ...

Villepinte revealed herself and offered herself to the little staging that ran through my head. The city would invite, welcome and amplify the beauty of the gesture. I hoped to construct unexpected dialogues, to bring out images that were more dreamlike than surreal; somersault, uchi mata, volley, shooting position, diving start, taut front somersault, guard against the backdrop of a bustling city ...

Gymnasts, judoka, footballers, boxer, sprinter, swimmer, vo sinh, handball player, twirlers, all agreed to live the stage, to put on a swimsuit and swimming cap, shorts or crampons, kimonos or sweats. The shots have become life shots for all those who have attended, most often incredulous sometimes amused, to our photographic sessions.

At the same time, the desire arose to experiment with the making of an image before photography, an archaic and primitive image. The pinhole would offer us the possibility of diving into the raw and magical history of photography. The device is very simple. It allows you to transform any cardboard box (a shoebox for example) into a photographic camera, a darkroom, by drilling a very small diameter hole and adding a sheet of photographic paper ready to use. to be "impressed".

That's it.

Well almost because after of course you have to measure time, appreciate the light, assess the distance ... After, you have to photograph. The fleeting and wild images born of this adventure take hold of us, sometimes enigmatic, always unique.

Over the days, Villepinte has become our playground, feverishly letting the coveted stars appear in our eyes.



Amelia Debra
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